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XXXIe Symposium de l'APSLF: Résumés des conférences invitées
XXXIe Symposium de l’APSLF
24-25 septembre 2009, Tunis, Tunisie Résumés des conférences invitées COGNITION ET CULTURE Bertrand TROADEC Unité de Recherche Interdisciplinaire Octogone (EA 4156) Université Toulouse 2 – Le Mirail, France Mél. : troadec@univ-tlse2.fr Pour l’espèce humaine, la cognition est un universel. La culture aussi. Celle-ci détermine par ailleurs certaines des compétences cognitives de l’homme moderne (Homo sapiens) que l’évolution biologique de l’espèce, trop lente, n’explique pas. La capacité à attribuer des états mentaux ou intentionnels à autrui, puis à diverses entités existantes ou non, spécificité humaine, permettrait au jeune enfant de bénéficier des inventions et des acquis réalisés par les générations précédentes, sans avoir à tout réinventer. Si l’évolution biologique « équipe » l’espèce humaine decapacités cognitives communes, telles qu’elles sont mises en évidence par les recherches chez le nourrisson, la transmission culturelle par imitation et instruction informelles et formelles « suscite » de nouvelles compétences. Ces compétences, dépendantes de la culture et donc relatives, prennent appui sur des structures cérébrales et corporelles nécessairement existantes, mais y implantent une nouvelle fonction, en relation intime avec des systèmes de signes et/ou des artefacts de toutes sortes. Il en résulte que l’organisation de la cognition humaine actuelle, dans ces aspects les plus « évolués », dépend fortement de mémoires externes (symboles et techniques). Sa nature n’est donc pas strictement neurale/mentale et comportementale, mais aussi historique et culturelle. CULTURE ET DEVELOPPEMENT. LES EFFETS DU CHANGEMENT SOCIAL Patricia GREENFIELD Department of Psychology, FPR-UCLA Center for Culture, Brain, and Development University of California, Los Angeles, USA Mél. : greenfield@psych.ucla.edu Dans cette conférence, je propose comme nouveau point de départ pour une théorie en psychologie culturelle du développement, la nature des structures sociales étendues. Pour définir ce point de départ, je m’appuie sur la distinction faite par Tonnies (1887) entre Gemeinschaft (la communauté) et Gesellschaft (la société). Les forces sociales mondiales actuelles, dues à la fois aux transformations sociales internes et à l’immigration, modifient en permanence les caractéristiques sociales des communautés (Gemeinschaft) en caractéristiques de société (Gesellschaft). Ces caractéristiques sociodémographiques passent ainsi de la résidence rurale, de l’éducation informelle à domicile, de l’économie de subsistance et d’une quasi absence de technologies, vers la résidence urbaine, l’enseignement formel, l’économie commerciale et l’usage de technologies avancées. Ce changement survient dans les pays développés aussi bien que dans les pays en voie de développement ou sousdéveloppés. Il transforme les cultures collectivistes en cultures individualistes, en modifiant le rapport social interdépendant en rapport d’indépendance et le développement cognitif issu de la tradition vers la modernité. L’intégration des conceptions de la structure sociale dans une théorie du développement peut alors permettre de résoudre deux problèmes essentiels : 1. les environnements socioculturels ne sont pas stables et exigent donc un traitement dynamique dans les recherches relatives au développement individuel ; 2. le développement social et le développement cognitif sont affectés par les mêmes forces sociales et, par conséquent, doivent être intégrés dans une théorie unifiée de la culture et du développement humain. La pertinence explicative de cette théorie sera illustrée par plusieurs exemples de recherches. CONTRAINTES LINGUISTIQUES ET SOCIOLINGUISTIQUES ET APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX Michèle BELAJOUZA Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, Tunisie Mél. : michele.belajouza@planet.tn Dans l’histoire de la psychologie scientifique, la conception de l’apprentissage est passée de la dominance des facteurs culturels avec le béhaviorisme à la dominance du rôle des facteurs internes avec la théorie piagétienne. Le sujet construit ses connaissances à partir de structures cognitives qui sont les prolongements des structures biologiques, indépendamment de son environnement. Les études transculturelles réalisées dans le cadre de cette théorie, tout en apportant des aménagements chronologiques aux stades établis, ne remettent pas en question l’universalité des structures de la cognition ni l’ordre de construction de ces structures. Actuellement, avec l’approche cognitive de l’apprentissage, les concepts « inné » et « acquis » ne sont plus analysés en termes alternatifs, mais sont considérés comme étant complémentaires. L’apprentissage est le résultat de la spécificité des processus cognitifs d’un sujet et des caractéristiques particulières de l’environnement dans lequel il s’est développé. Dans cet exposé, nous chercherons à faire le point sur les travaux concernant le rôle des déterminants linguistiques et sociolinguistiques impliqués dans l’apprentissage de la lecture et dans la maîtrise des systèmes de représentation des quantités, afin d’analyser le poids des facteurs culturels dans la mise en oeuvre des processus cognitifs, par la présentation de résultats de recherches sur les apprentissages fondamentaux en contexte scolaire tunisien. Le développement des études sur le rôle des contraintes externes dans les apprentissages fondamentaux devrait permettre de mieux comprendre l’articulation entre le fonctionnement cognitif de l’élève et les particularités du contexte d’apprentissage, de préciser les modèles théoriques et d’envisager des retombées psychométriques rééducatives et pédagogiques. L’ACQUISITION DE L’ARITHMETIQUE ELEMENTAIRE : BIOLOGIE ET CULTURE MICHEL FAYOL Université Blaise Pascal & CNRS Clermont-Ferrand, France Mél. : michel.fayol@univ-bpclermont.fr Les recherches conduites au cours des trois dernières décennies mettent en évidence deux séries de résultats. D’une part, il existe des capacités très primitives (dans la phylogenèse) et très précoces (dans l’ontogenèse) d’évaluation des quantités, continues ou discontinues. Ces capacités, biologiquement déterminées, se manifestent par exemple par l’effet de distance : dans une tâche de comparaison de deux quantités, les performances sont d’autant meilleures que le rapport entre les deux quantités est grand, elles diminuent lorsque ce rapport se rapproche de un. D’autre part, des capacités d’évaluation précise des quantités apparaissent avec les systèmes symboliques, codes culturels très divers, le plus connu (mais non le seul) étant le système verbal de dénomination des nombres (en français, un, deux, trois…). La question de l’impact de ces codes se pose depuis longtemps et reste un objet de débat et de recherche. Ces codes présentent des propriétés qui contraignent les traitements, par exemple, quant à la réalisation d’opérations ou à la tran******ion des quantités. L’objectif de la communication sera de dresser un bilan des acquis concernant les effets identifiés de ces codes et les conséquences qu’il est possible d’en tirer, par exemple, pour l’instruction en arithmétique élémentaire ou pour la remédiation des troubles. PSYCHOLOGIE COGNITIVE AU MAROC Benaissa ZARHBOUCH Laboratoire de Sciences Cognitives (LASCO) Faculté de Lettres et Sciences Humaines Dhar el Mahraz Université de Fès, Maroc Mél. : z-benaissa@hotmail.fr Cette intervention portera sur quelques aspects de la psychologie cognitive au Maroc. La psychologie, en tant que science, n'a été l’objet d'études scientifiques que depuis un demi-siècle, avec l'ouverture de la première filière de psychologie à la faculté de Rabat. Les études en psychologie au Maroc cherchent toujours leur chemin et leur spécificité. La recherche psychologique s'est surtout centrée à la faculté de Rabat, puis à celle de Fès, en 1970, sous la forme de thèses académiques. La spécificité de la recherche en psychologie au Maroc vient du contexte linguistique et socioculturel, lui-même spécifique. Nous allons présenter quelques études qui reflètent cette spécificité, spécialement en ce qui concerne le thème de la représentation du concept de temps et des concepts astronomiques, tout en donnant un aperçu d’un futur projet de recherche sur la représentation par l'enfant des concepts écologiques. CULTURE ET SANTE : UN MARIAGE DE RAISON OU UN DUO DIABOLIQUE? Yvan LEANZA Ecole de psychologie Université Laval, Québec, Canada Mél. : yvan.leanza@psy.ulaval.ca Dans la littérature scientifique de ces dernières décennies, traitant des questions de santé au sens large, la culture a pris une place toujours plus importante. Dans les bases de données comme PsychInfo et PsychArticles on trouve plusieurs centaines d’articles et chapitres abordant le lien entre culture et santé (mentale ou physique) d’une façon ou d’une autre. On peut y voir la marque d’un consensus : les maux quels qu’ils soient ne sauraient être compris en dehors de leur(s) ancrage(s) culturel(s). Cependant, il s’élève régulièrement, au sein des sciences sociales, des voix pour dénoncer le simplisme et l’essentialisme qu’il y a à employer la culture comme catégorie scientifique. Dans le cas de la santé mentale, et plus précisément des psychopathologies et de la psychothérapie, on note un foisonnement de réflexions, de recherches et de propositions de modèles d’intervention clinique « culturellement appropriées », principalement en Amérique du Nord, mais pas seulement. Il semble que la culture comme le genre, l’âge ou l’orientation ***uelle, soit devenue un sujet incontournable lorsque l’on traite du bien-être psychologique. Faut-il s’en réjouir ou n’est-ce là, comme le laissent entendre les critiques les plus virulents de la réification culturelle, qu’un avatar du colonialisme, voire de l’évolutionnisme ? Cet exposé propose une lecture de ce champ par une revue de la littérature anglophone et francophone portant sur les 10 dernières années. C’est la question de « l’autre culturel » qui en sera le fil rouge. Comment cet autre, considéré a priori comme différent, est-il présenté et que propose-t-on pour faciliter la compréhension des différences et la rencontre clinique ? EVALUATION PSYCHOLOGIQUE ET CULTURE : ASPECTS CONCEPTUELS ET METHODOLOGIQUES Tarek BELLAJ Département de psychologie Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Tunisie Mél. : tarekbellaj@gmail.com L'utilisation de tests psychologiques construits par et pour des populations issues d'une culture presque exclusivement occidentale, à des populations d'une culture africaine ou orientale qui ne produit pas ses propres tests, fournit des données qui ne permettent pas d'inférer des significations psychologiques fiables. La traduction des items et des consignes d'un test est régie par des procédures codifiées. Toutefois, ceci n'est qu'une étape dans le processus d'adaptation. Très fréquemment, cette étape ne suffit pas, et des modifications additionnelles sont nécessaires. Modifications, qui seraient de plus en plus importantes en fonction de la distance qui sépare la culture à l'origine du test, de la culture qui l'adapte. Or, l'étendue des modifications exigées risque de nous éloigner du construit théorique examiné. D'ailleurs, l'expérience nous apprend que même une simple traduction ou une modification élémentaire peut entraîner des artéfacts qui rendraient les nouveaux items fonctionnellement non équivalents aux items d'origine. Des recherches réalisées en Tunisie permettent d’affirmer que l'adaptation des tests neuropsychologiques d'une culture à une autre est une démarche stérile lorsqu'elle n'est pas précédée par un examen réfléchi, d'une part du contexte et des matériaux d'évaluation, d'autre part du construit théorique du test en question par rapport aux aspects socioculturels qui façonnent l'architecture fonctionnelle et structurelle de la cognition. INTELLIGENCE ET CULTURE Riadh BEN REJEB Unité de Recherche Psychopathologie Clinique (Code DGRST - 99/UR/02- 01) Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Tunisie Mél : riadhbenrejeb@yahoo.fr Cette intervention comprend trois volets. 1- L’auteur résume brièvement les étapes du travail d’adaptation et d’étalonnage d’un test d’intelligence français « Les Echelles Différentielles d’Efficiences Intellectuelles » (EDEI) de Michèle Perron-Borelli, aux enfants tunisiens âgés de 3 à 11 ans. Cet étalonnage a été réalisé sur un échantillon représentatif composé de 531 enfants tirés au sort dans toute la Tunisie. Ce travail illustre l’avènement d’une psychométrie objective en clinique infantile tunisienne. 2- L’auteur expose ensuite les résultats de sa recherche, menée auprès de la même population avec le test adapté, sur l’intelligence de l’enfant tunisien par rapport à trois facteurs : l’âge, le ***e et le milieu. 3- Il discute enfin des performances intellectuelles (verbales et non verbales) de l’enfant tunisien par rapport aux spécificités de l’environnement culturel dans lequel il baigne. SOCIALISATION ET CULTURE. LES PRATIQUES PARENTALES DE SOCIALISATION CULTURELLE : ENTRE TRANSMISSION ET EVOLUTION Colette SABATIER Université Victor Segalen, Bordeaux, France Mél. : colette.sabatier@u-bordeaux2.fr Culture et socialisation sont deux éléments indissociablement liés. La culture ne peut se perpétuer que par divers procédés de socialisation, dont certains qualifiés d’enculturation sont spécifiquement destinés à transmettre des éléments particuliers de telle ou telle culture opposés à des éléments plus généraux voir plus universaux. En même temps, l’adaptation à l’environnement dans tous ses aspects physiques, sociaux, économiques, y compris celui des changements et des transformations, est essentielle pour le maintien des groupes et des cultures. Transmission et évolution sont des facettes de la socialisation. La socialisation culturelle parentale intègre ses deux éléments. Elle ne vise pas la reproduction à l’identique. Dans cet exposé, nous donnerons des exemples de la socialisation culturelle parentale dans le cadre de l’immigration, en réinterrogeant la notion de fossé culturel intergénérationnel et en distinguant les rôles des pères et de mères. MEMOIRE AUTOBIOGRAPHIQUE ET IDENTITE Martial VAN DER LINDEN Unité de Psychopathologie et Neuropsychologie Cognitive Université de Genève, Suisse Mél. : martial.vanderlinden@unige.ch La mémoire autobiographique entretient des liens étroits avec le sentiment d’identité et de continuité de l’existence. L’exploration de ces relations nécessite la mise en place de multiples niveaux d’analyse : neurobiologique, psychologique, social et culturel. Nous illustrerons cette approche multifactorielle par des études ayant exploré le développement de la mémoire autobiographique, ainsi que son fonctionnement, dans différents états psychopathologiques. En particulier, nous montrerons en quoi le contexte social et culturel façonne la manière avec laquelle les personnes sont capables de se souvenir du passé personnel et de se projeter dans le futur de façon spécifique. |
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